PAROLES D'HONNETE HOMME
A l'usage des humbles, de ceux qui s'aiment, j'écris que la terre
est dure, que tout passe, hormis l'amour.
J'écris ce que je sais et ce que nous savons, mais que nous avons
à mieux connaître pour vivre,
Que la fougère épouse le houblon,
Que l'amour n'est jamais malheureux.
J'écris à longue haleine parce qu'au bout du souffle il y a le rire
à délivrer.
J'écris le monde qui sera.
Ce n'est pas en un jour qu'il viendra, mais après un long respect,
une longue connaissance.
J'écris pour assumer le bonheur.
Et que m'importe comment si l'herbe au crépuscule a un langage
stellaire.
Si je dis que tout est familier, ceux qui s'aiment entrent sans hésiter
dans le système des gravitations.
M'entendez-vous ? La mer est à ma porte et je ne la retiens que par
un tout petit peu d'imagination.
M'entendez-vous lorsque j'accorde audience aux grands thèmes
de passage.
Je me bats avec les éclats de rire, les armes de la jeunesse,
avec la centaurée sauvage, la bourrache et le lotier.
J'appelle au nom de la santé des prés, de la houle des sainfoins,
de la sueur des hommes.
J'appelle au nom des cheveux de l'aimée, d'une mainprise
sur l'épaule, d'un avenir commencé à deux.
Aves les armes du plaisir, avec les larmes du désir.
J'écris le bonheur sur la table.
Jean Malrieu.